C’est lors de la seconde matinée des 22ème Ratecard Meetings du Touquet que Jérôme Perani (Axeptio) nous a rappelés les enjeux liés au consentement et le rôle ambigüe joué par Google.
Ratecard : Jérôme, peux-tu nous rappeler en quelques mots ce qu’est Axeptio et ton rôle ?
Jérôme Perani : Axeptio est une Global Consent Management Platform, c’est-à-dire une solution de gestion du consentement pensée pour répondre aux exigences réglementaires tout en préservant l’expérience utilisateur. Je pilote aujourd’hui les sujets liés au développement et à la stratégie de croissance. Notre mission, c’est d’accompagner les éditeurs et les annonceurs dans un contexte où le respect de la vie privée est devenu un impératif — technique, éthique et légal.
Ratecard : Justement, le contexte réglementaire semble de plus en plus complexe, notamment aux États-Unis. Comment cela vous impacte-t-il ?
Jérôme Perani : Complètement. Aujourd’hui, aux États-Unis, c’est un vrai patchwork : plus d’une vingtaine d’États ont entamé des démarches législatives, avec des niveaux de maturité très différents. En parallèle, on assiste à une multiplication des poursuites judiciaires pour collecte illégale de données — que ce soit les données biométriques, de géolocalisation ou d’usage. Des géants comme Meta, Google, ou même des compagnies d’assurance comme Allstate, sont directement visés.
Ratecard : Côté applications, on voit aussi une montée en puissance des sanctions ?
Jérôme Perani : Absolument. Les app stores et les autorités de régulation surveillent de près les applications mobiles. En France, la CNIL a par exemple infligé 3 millions d’euros d’amende à Voodoo pour l’usage d’identifiants techniques sans consentement. Au Royaume-Uni, l’ICO appelle désormais tous les éditeurs à intégrer une CMP dans leurs apps. Même les militants — comme NOYB — montent au créneau contre les pratiques non conformes. Il devient de plus en plus risqué de faire l’impasse.
Ratecard : Quel est le rôle de Google dans ce nouvel environnement ?
Jérôme Perani : Google s’est officiellement emparé du sujet du consentement. Depuis janvier 2024, tous les sites ou apps utilisant AdSense ou AdMob doivent intégrer une CMP certifiée par Google et compatible TCF. Et depuis mars 2024, le Consent Mode v2 de Google est requis pour garantir la remontée de données via Google Ads ou Analytics. C’est un tournant structurel : la conformité n’est plus seulement une question légale, elle conditionne directement la performance.
Ratecard : Vous mentionnez souvent les éditeurs indépendants. Quelle est leur marge de manœuvre aujourd’hui ?
Jérôme Perani : Elle est plus étroite qu’avant. Beaucoup d’éditeurs, notamment de petite taille, n’ont pas anticipé ces évolutions. Ce qu’on observe, c’est que ceux qui ne sont pas équipés se retrouvent à afficher par défaut la CMP de Google. Cela crée une dépendance, y compris en matière de monétisation. C’est pour cela qu’on défend une approche souveraine et maîtrisée du consentement.
Ratecard : Dernière question : vous avez récemment annoncé une acquisition…Jérôme Perani : Oui, c’est une étape importante pour nous. Nous avons réalisé notre toute première acquisition internationale avec la société brésilienne AdOpt, quelques mois après l’ouverture de notre filiale au Québec. Cela marque notre volonté de devenir un acteur global de référence sur le marché du consentement, avec une offre toujours plus complète et localisée.