En 2025, quels sont les grands défis qui attendent les experts de la data ?
Florentin Hild – Directeur Data & SEO :
Nous devons faire face à une donnée devenue plus rare. Les utilisateurs recourent massivement à des VPN, les adblockers se généralisent, les navigateurs restreignent le tracking, et les réglementations évoluent en permanence.
Résultat : les volumes de données collectées diminuent. Cela nous oblige à recentrer nos efforts sur leur fiabilité. Mieux vaut peu de données, mais des données sûres.
Autre levier stratégique : la donnée first party. Celle issue directement des clients — souvent stockée dans le CRM — devient une ressource centrale, notamment lorsqu’elle est activée via une CDP. Elle permet à la fois de fidéliser et de prospecter intelligemment.
Damien Poorteman – Directeur de Production Data Analytics :
L’un des piliers techniques majeurs reste le server side. Cette approche n’est pas nouvelle, mais elle gagne en pertinence à mesure que les réglementations se durcissent. Elle garantit une collecte plus maîtrisée, plus fiable, et mieux gouvernée.
Mais au fond, le véritable enjeu est plus large : il s’agit de rétablir la confiance dans la donnée. Sans elle, aucune stratégie n’est viable.
Malo Douart – Consultant Data Analytics :
Pour moi, le défi principal, c’est la réconciliation entre la donnée online et offline.
Le parcours client est aujourd’hui morcelé entre appareils, canaux et moments. Un même individu peut interagir sur desktop à 10h et sur mobile à 11h. Encore faut-il prouver qu’il s’agit de la même personne, et pouvoir exploiter cette continuité.
La finalité ? Prendre de meilleures décisions sur l’attribution marketing, les budgets, les ventes en magasin… et comprendre la vraie valeur d’un client, bien au-delà de ses simples achats en ligne.
Comment ces enjeux influencent-ils la performance des marques ?
FH :
La mise en place d’une architecture server side améliore non seulement la performance des campagnes, mais aussi celle du site lui-même : les balises ne sont plus chargées côté utilisateur, ce qui accélère le chargement.
Autre avantage : on contourne les adblockers et les limites imposées par les navigateurs, ce qui permet d’envoyer davantage de signaux aux régies. On peut même pousser des données plus sensibles — sans les exposer dans le navigateur — pour améliorer la précision des algorithmes publicitaires.
MD :
Une donnée fiable n’est qu’un point de départ. Ensuite, il faut l’activer.
Nous travaillons avec les données issues du CRM, des plateformes d’acquisition ou de tracking pour identifier les points de friction dans le parcours : pourquoi un produit est-il ajouté au panier sans être acheté ? Pourquoi une demande d’essai n’est-elle pas confirmée ?
L’enjeu est double : comprendre les raisons d’un achat… mais aussi celles d’un non-achat. C’est à partir de là qu’on peut optimiser l’expérience et faire parler les données entre elles.
DP :
Nous utilisons également la donnée pour alimenter des stratégies de CRO (Conversion Rate Optimization).
Cela passe par l’analyse des parcours, des points de fuite, des comportements utilisateurs. Ensuite, nous formulons des hypothèses, que nous validons via de l’AB testing.
L’objectif est toujours le même : fournir aux équipes des recommandations concrètes, utiles pour générer plus de leads ou de ventes.
Le métier de web analyste a-t-il changé de nature ?
DP :
Il est en pleine transformation. Le web analyste n’est plus simplement en charge de produire des dashboards.
Aujourd’hui, il est intégré aux réflexions stratégiques. Il alimente les équipes acquisition, challenge les performances des leviers, et participe activement au pilotage par la donnée.
Avec l’arrivée de l’IA dans les mécaniques d’achat média, son rôle est aussi de fournir aux algorithmes une donnée fiable et exploitable. C’est un métier devenu hybride et beaucoup plus stratégique.
FH :
Il y a dix ans, certains annonceurs ne savaient pas ce qu’était la collecte de données. Aujourd’hui, ils en mesurent l’impact sur leur performance globale.
Le web analyste est désormais attendu sur sa capacité à produire des KPI activables et à dialoguer avec tous les départements. L’analyse de données ne se limite plus au digital : elle irrigue l’ensemble de l’entreprise.
MD :
On ne peut plus se limiter à l’intitulé “web analyste”. Aujourd’hui, il faut avoir un pied solide dans la data, au sens large.
Cela signifie interroger des bases, croiser des sources, structurer l’information… pour pouvoir répondre à des problématiques complexes. Plus on maîtrise l’univers data, plus on peut accompagner les clients — quels que soient leur maturité ou la complexité de leurs parcours utilisateurs.
Pour voir la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=XjB7O0iGc4U